PAYS DE LA MER (Mésopotamie)

PAYS DE LA MER (Mésopotamie)

PAYS DE LA MER, Mésopotamie

Traduction littérale de mât tâmti , expression akkadienne désignant l’immense région qui s’étendait jadis au nord du golfe Persique et que le limon du Tigre et de l’Euphrate avait conquise sur la mer du Lever du Soleil, c’est-à-dire le golfe persique. Couvert de marécages et de roselières, quadrillé de canaux, rendu quasiment impénétrable par sa configuration, le delta mésopotamien était un refuge tout désigné pour toutes sortes de hors-la-loi ou de rebelles.

Sous le règne du fils et successeur d’Hammourabi, Samsouilouna (\PAYS DE LA MER (Mésopotamie) 1749-\PAYS DE LA MER (Mésopotamie) 1712), le pays de la Mer entre en dissidence, obligeant le roi de Babylone à édifier un système de fortifications jusqu’aux abords de Sippar.

Les listes mentionnent une I^re dynastie du peuple du pays de la Mer, comptant onze noms de rois, d’Iloumael à Ea-gamil. Il est frappant de constater que le nom du troisième roi, Damiq-ilišu, est celui même du dernier roi de la I^re dynastie d’Isin (\PAYS DE LA MER (Mésopotamie) 1816-\PAYS DE LA MER (Mésopotamie) 1794). Il convient aussi de noter que Samsouilouna eut à réprimer, au début de son règne, une révolte animée, autour de Larsa, par un Rim-sin, homonyme du dernier roi de Larsa (\PAYS DE LA MER (Mésopotamie) 1823-\PAYS DE LA MER (Mésopotamie) 1763), et qui dura deux ans. Cette double coïncidence a été interprétée par certains historiens comme l’indication que la révolte de la Babylonie méridionale représentait un ultime sursaut sumérien. En adoptant le nom de Damiq-ilišu, les rois de la I^re dynastie du peuple du pays de la Mer se présentaient comme les successeurs de la dynastie des rois d’Isin et légitimaient par là même leur pouvoir. D’autres savants, toutefois, font observer que l’onomastique des souverains de la I^re dynastie a un caractère sumérien très artificiel et préfèrent ne pas se prononcer sur l’appartenance ethnique des rois du peuple du pays de la Mer. On ne sait à peu près rien de la suite de l’histoire du pays de la Mer, mais les sources babyloniennes mentionnent une II^e dynastie du peuple du pays de la Mer, avec trois rois, entre \PAYS DE LA MER (Mésopotamie) 1024 et \PAYS DE LA MER (Mésopotamie) 1004. Elles attestent, en outre, que le pays de la Mer a continué d’exister, au moins comme province du royaume de Babylone, pendant la première partie du \PAYS DE LA MER (Mésopotamie) I^er millénaire. À la mort du roi d’Assyrie Salmanasar V (\PAYS DE LA MER (Mésopotamie) 721), un roi chaldéen qui tenait le pays de la Mer, Mardouk-Apalidinna (Mérodach-Baladan), réussit, avec l’appui des nomades sutéens et araméens ainsi qu’avec celui de l’Élam, à s’emparer du trône de Babylone. Il en fut chassé par Sargon II en \PAYS DE LA MER (Mésopotamie) 710, mais dès la mort de Sargon en \PAYS DE LA MER (Mésopotamie) 705 il reprit Babylone, où il se maintint jusqu’en \PAYS DE LA MER (Mésopotamie) 700, date à laquelle il dut s’enfuir devant Sennachérib. Le chapitre XXI d’Isaïe, dans la Bible, mentionne une ambassade envoyée au roi de Juda Ézéchias par Mérodach-Baladan soucieux de se le concilier avant d’engager la lutte contre Sargon. Le désert de la Mer, qui donne son titre à l’oracle du prophète, est la désignation scripturaire de la même entité géographique que le pays de la Mer des textes akkadiens.

Encyclopédie Universelle. 2012.